Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

L'hirondelle et l'amoureux [Ft Hewig]

Leila Fànd
Partisan
Leila Fànd
Messages : 5
Date d'inscription : 19/11/2018
Mar 11 Déc - 17:37

Et nous voilà parti pour une nouvelle journée palpitante dans les rues de Londres. Enfin…’’Palpitante’’ est peut-être un terme quelque peu exagéré. Tout comme ‘’dans les rues de Londres”, sauf si l’on considère que cette petite pièce carrée de quatre mètres par trois fait partie des quartiers les plus animés de la capitale. En tout cas, du point de vue de notre brave Leila, on ne peut pas dire que la motivation et la bonne humeur transpirent au travers de ces murs, uniformément beiges.

‘’Pfffffffffffffffffff…’’

On pouvait probablement entendre son soupir jusqu’à l’autre bout de la ville. En même temps, vous aussi, vous seriez probablement en train de grogner, si votre bureau était enseveli sous une telle masse de paperasses. Des dossiers d’investigations, des notes de frais, des demandes de mise sous surveillance…Et au milieu de tout ça, une pauvre jeune fille qui commençait très sincèrement à en avoir marre. Combien de temps depuis son arrivée à son poste ? Dix heures? Vingt? Ah non, même pas deux heures, à tout casser.
La semaine à venir ne s'annonçait pas beaucoup plus palpitante : Hassem était sur une ‘’vérification’’ en solo et l’antenne des Partisans qui embauchait Leila, croulait sous son propre administratif. manifestement, la méthode ‘’Gabrielesque’’, à savoir tout remettre au lendemain pendant des mois, venait d’atteindre ses limites.
D’ailleurs, quand on parle du loup, devinez qui vient de s’inviter à la fête ?

‘’Hey, Lei’, tout se passe bien ?’’

‘’*soupir* Oui, pourquoi ?’’

‘’ Dis, je crois qu’on a un peu sous-estimé les retards, ça te dérange si je te ramène la pile du mois dern...OK, OK, JE TE LAISSE BOSSER !’’

Esquivant tant bien que mal le projectile que venait de lui lancer Leila (une simple bouteille d’eau...et vide en plus), le jeune homme battit en retraite en emportant son fardeau avec lui. Encore plus de dossiers à tamponner et signer ? Et qui, en plus, étaient sûrement à la bourre à cause de lui ? Non merci, elle passe son tour !
Autant vous dire que ce fut presque avec un hurlement de victoire que Leila célébra l’instant où sa montre l’autorisa à quitter son poste pour...UN FISH’N CHIPS AU CURRY, PUTAIN ! La seule chose susceptible de rendre cette journée un minima ‘’passable’’. Sans même un regard à Rafael, elle se laissa donc guider sur son trajet habituel en sortant du bâtiment, pour rejoindre l’une des rues adjacentes, proche de son quartier.
Ô céleste curry, tu es bien le seul capable d’illuminer cette journée, qui sans toi, serait bien dépourvue de tout intérêt. Aucune traque, aucune opération de repérage ou de surveillance…Pour un peu, elle en hésiterait presque à retourner travailler à une tâche aussi rébarbative. C’est quand même assez peu pratique d’avoir cette foutue conscience professionnelle, par moment.
Se résignant à repartir pour de nouvelles heures de fun et de passion absolus avec ses meilleurs amis du moments, les notes de frais, Leila manqua renverser son double-cornet-triple-curry en essayant de répondre à la sonnerie stridente, issue de son téléphone.

‘’Allo ? Lei’ ? T’es pas encore revenu à la section ?’’

‘’Pourquoi ? Raf', j’te signale qu’il me reste encore vingt minutes de pause, alors si tu m’appelles pour ça…’’

‘’Non, non, t’énerves pas ! C’est plutôt une bonne nouvelle, en plus. Voila, j’étais en train de fouiller les dossiers de...Septembre, je crois. Fin, la date est à moitié effacée, donc je n’en suis pas sûr. Bref, de vieux papiers, quoi.
Apparemment, on a un type sous surveillance qui...ben, qui n’a pas été surveillé depuis un petit moment.’’


‘’Pourquoi ?...Non, en fait, réponds pas, j’crois que je devine. ‘’

‘’Une petite erreur administrative, rien de bien grave ! Mais vu que t’as du temps devant toi, tu veux pas faire un saut pour vérifier que rien n’a changé ? En plus, le type est clean à 100%, t’as même pas d'inquiétudes à avoir sur le fait que ça soit un sorcier ou non ! Je t’envoie l’adresse et le nom et toi, tu vas juste lui passer le bonjour pour voir si on doit s’intéresser à  lui à nouveau. Il écrit des trucs qui font tiquer un ou deux responsables, donc, juste pour les rassurer et leur prouver qu’on a pas un terroriste sur les bras, t’y vas, tu papotes un moment et tu reviens.
Sinon, je peux envoyer quelqu’un d’autre, si tu préfères finir ton boul..’’


‘’J’y vais tout de suite, à plus !’’

Tout plutôt que de retourner tamponner et étiqueter des rapports ! Le trajet jusqu’à l'appartement signalé ne lui prit que quelques minutes et en arrivant, elle n’avait même pas fini son en-cas. Tout en répandant une odeur de curry extra-fort dans le hall d’entrée, la jeune femme se mit en quête du nom de sa cible...Alors, Lovecast, Lovecast...Bizarre comme nom. Elle aurait préféré avoir un peu plus d’infos sur lui, avant d’aller le confronter directement. mais un seul regard au message envoyé par Gabriel, suffira à la faire soupirer de nouveau.

‘’Le gars s’appelle Hedwig. Et le dossier dit...Tu vas pas me croire mais y’avais du café renversé dessus, j’essaye de te déchiffrer ça.’’

Décidément, il n’en ratait pas une. Bon, à elle de confronter ce ‘’terrible’’suspect. Au moins, ça lui fera une distraction bienvenue. Une main levée, proche du battant, elle n'eut plus qu’à laisser retomber à trois reprises son poing serré sur ce dernier. Allez, on reste professionnelle...
Hedwig P. Lovecast
Neutre
Hedwig P. Lovecast
Messages : 15
Date d'inscription : 14/11/2018
Lun 17 Déc - 11:30

Londres - Quartier de Whitechapel - Appartement d'Hedwig

Non ! Cela ne marche toujours pas, Carnby ne parlerait jamais d’une telle façon… C’est la huitième fois que je recommence l’écriture de ce dialogue.

Dépité, Hedwig froissa sa feuille de papier et lança son stylo au travers de la pièce d’un geste rageur. Plume en avant, l’instrument heurta le mur violemment, faisant sursauter une chatte typée européenne d’un noir profond qui regarda Hedwig d’un air extrêmement courroucé.

Oh ça va Minerva, ce n’est pas comme si tu n’avais pas l’habitude en ce moment… Je n’arrive pas à écrire. Les Partisans sont à un cheveu de bannir mes livres, si je fais dire n’importe quoi à mon personnage, c’en est finit des aventures de Carnby.

Minerva, peu convaincue, poussa un miaulement de désapprobation, et donna un violent coup de patte dans sa gamelle d’eau, humidifiant largement le plancher de l’appartement de l’écrivain qui poussa un profond soupir et s’affaissa dans son grand fauteuil de bureau.

Pff… Tu as bien raison, je n’arrive à rien et je fais n’importe quoi. Il faut que je trouve le moyen d'écrire de manière plus subtile la relation qui naît entre Jack et Sélénia depuis le tome précédent. Un cracmol élevé chez les Moldus et une sorcière confirmée de Sang-pur… Je ne vais pas me faire que des amis des deux côtés, une nouvelle fois. J’ai beau ne pas utiliser les mêmes termes dans mes histoires, les Partisans ne sont pas des abrutis dans le fond.

Satisfaite de son méfait vengeur, le félin s’étira et vient se lover sur le canapé couvert d’un immense plaid doux, se fondant dans la couleur sombre du tissu. Hedwig balaya du regard son salon, typiquement londonien, entre tradition et modernité. Le plancher un peu vieillot s’accordait bien avec une bibliothèque massive qui occupait tout un pan de mur. Cette dernière était remplie de livres et manuscrits étranges, parfois récupérés dans des lieux plutôt insolites, des vieilles librairies un peu magiques. De nombreux ouvrages de littérature théorique s’entassaient aussi, des théories modernes, classiques, des ouvrages de langues anciennes ou actuelles ou encore des romans de toutes époques, récits légendaires et mythiques. Le tout semblait  hétéroclite au possible, mais Hedwig savait parfaitement s’y retrouver, notamment pour aller chercher les quelques pièces « magiques » cachées derrière certains livres…

L’appartement en lui-même était tout à fait correct, un petit vestibule donnait sur toutes les pièces. Un grand salon était situé à gauche en entrant, très chargé entre la bibliothèque, le bureau énorme, le canapé, la télévision, l’ordinateur… A l’opposé, la chambre d’Hedwig était très minimaliste, plus petite, avec simplement un lit deux places et une armoire massive d’où l’on pourrait voir surgir n’importe quand un faune. En face de l’entrée, deux portes menaient l’une dans la cuisine très petite et l’autre dans une salle d’eau encore plus petite.  

Le bureau d’Hedwig, juste sous les fenêtres donnant sur les rues de Whitechapel pluvieuses, faisait face à l’ouest. Du 5e étage, il avait une bonne vue des toits londoniens. Il contempla la pluie quelques minutes avant de se résoudre à se lever pour éponger l’eau et changer la gamelle du chat.  Entre-temps il récupéra son stylo et constata avec tristesse la plume complétement écrasée.

Tu n’as que ce que tu mérites mon bon Hedwig… Il va te falloir un nouveau stylo.

A ce moment son téléphone vibra sur le bureau. D’un air bougon et renfrogné, il regarda le message de Ryan, bourré de smileys étranges comme d’habitude.

Salut vieux \o/ Quand avances-tu ton chapitre ? XO Ca te dirait de boire un verre ce soir pour en discuter un peu ? Mad

Machinalement Hedwig répondit avec cynisme qu’il venait de casser son stylo plume favoris et qu’il espérait que cela pouvait compter en accident du travail et qu’il se mettre à l’assurance le temps d’avoir un outil digne de ce nom. Ryan ne répondit pas immédiatement. Ce type était décidément impossible… Quelque chose de plutôt incongru se produisit alors : une silhouette ailée vint frapper à plusieurs reprises une des fenêtres du salon. Avec stupeur, Hedwig se rendit compte qu’il s’agissait d’un magnifique hibou grand-duc qui le regardait avec insistance en toquant littéralement à sa fenêtre. Le hibou portait une lettre attachée à la patte droite. Cela faisait bien des années qu’un hibou ne lui avait pas été adressé, depuis ses échanges avec Mary Elizabeth… Son cœur faillit rater un battement quand il percuta sur le fait que c’était presque le même hibou qu’à l’époque.

Après un temps de battement, le hibou frappa plus fort, tirant Hedwig de sa torpeur, il courut ouvrir la fenêtre. Le hibou entra et se posa sur le bureau en s’ébrouant, envoyant nonchalamment quelques gouttes sur les papiers d’Hedwig qui n’y prêta pas attention. Il caressa machinalement le rapace avant de détacher la lettre, qui ne portait aucune inscription particulière ni sceau quelconque à part son adresse et son nom, très joliment calligraphiés.

C’est à ce moment précis que l'on frappa vigoureusement trois fois à la porte de l’appartement.

Les trois protagonistes de l’appartement sursautèrent, pour la deuxième fois du côté de Minerva qui, décidément, passait un mauvais début d’après-midi. Hedwig remercia rapidement le grand-duc avant de l’envoyer dehors à toute vitesse. Le rapace lui jeta à son tour un regard outré plutôt comique avant de s’en aller à toute vitesse. Hedwig ne remarque pas la plume qui se déposa délicatement sur le sol. Il posa la lettre sur le bureau.

Il se rendit dans l’entrée précipitamment,  un peu chamboulé par l’événement. Il ne prit pas la peine de se changer, gardant un pantalon en jean noir assez classique et un vieux t-shirt célébrant les 40 ans de la série Final Fantasy, arborant un volatile jaune à l’aspect rieur. En dépit de toute prudence, il ouvrit la porte rapidement pour prendre une décharge olfactive puis visuelle.  

Olfactive d’abord car en l’espace de quelques secondes il crut s’être retrouvé au cœur de Southall, le  Little India londonien. Une odeur forte de curry emplit en effet son vestibule. Il eut un léger haut-le-cœur en sentant cela. Non pas qu’il déteste la nourriture épicée mais disons que son estomac le rappelle souvent à l’ordre…

Visuelle ensuite car une charmante jeune femme se tenait devant lui. Sa première pensée fut :

Oh non encore un fan qui a réussi à dégotter mon adresse…

Puis un rapide coup d’œil à ses yeux noisette le fit changer d’avis. Hedwig avait un peu l’habitude de rencontrer des fans, même si cela restait rare. Ils étaient souvent fascinés ou ultra timides, tout le contraire de cette femme.  Il y avait un certain ennui dans ses yeux mais aussi un je-ne-sais-quoi d’intriguant, comme si elle cherchait à tout analyser à la façon d’une mentaliste. Ce joli minois encadré par de magnifiques cheveux noirs suie voulait quelque chose et ce n’était clairement pas un fan. Hedwig, redevenu un peu alerte se racla la gorge et demanda d’un ton plus ou moins posé mais un peu malhabile :

Bonjour, que puis-je pour vous Miss ?
Leila Fànd
Partisan
Leila Fànd
Messages : 5
Date d'inscription : 19/11/2018
Dim 30 Déc - 14:04

Qui sait, vu sa chance habituelle, le type sera peut-être absent ? Elle n’aurait alors plus qu’à retourner..*soupir*, à sa palpitante tâche de tri de dossiers. Rien qu’à l’idée de la pluie de questions de Gabriel si elle rentrait sans rapport et de la montagne de paperasse qu’il avait sûrement ‘’discrètement’’ ajouté sur son bureau, Leila en soupirait d’avance.
Tout en engloutissant avec voracité les derniers reliquats de ses frites au curry (et en essuyant au passage ses mains tachées de sauce jaunâtre sur le bas de sa veste), la jeune fille se sentit soudainement plus légère, lorsque le battant s’entrouvrit pour laisser apparaître l’occupant de l’appartement : alors qu’elle s’attendait à voir débarquer un illuminé, la crinière en bataille, les yeux fous et une odeur de renfermé accrochée à ses basques...Finalement, son ‘’client’’ n’était pas mal du tout. On aurait facilement pu le confondre avec un cadre à cause de sa posture et de ses petites lunettes, sans cet oiseau semblable à une autruche (ou un canari ?) qui s’étalait sur son torse.
L’appartement se dévoilant dans l’embrasure de la porte, les réflexes de Leila prirent le dessus et en se tordant légèrement le coup, elle put observer un coin douillet, bien plus grand que le sien (Un jour, elle quitterait cette chambre digne d’une étudiante...Sûrement). En tout cas, rien que le salon couvrait toute la surface de son propre logement. Au prix d’un gros effort, la jeune fille parvint à focaliser de nouveau son attention sur son interlocuteur, ignorant tant bien que mal la bibliothèque qui trônait dans un coin de la pièce.
Néanmoins, ses yeux ne pouvaient que revenir sur cette dernière à intervalles réguliers, malgré sa tentative pour adopter un ton détaché.

‘’Bonjour, que puis-je pour vous Miss ?’’

‘’Fànd. Leila Fànd. Désolé de vous déranger, Monsieur Lovecast, je viens de l’antenne Partisane de Kennet Street. Nous avons eu quelques problèmes logistiques et un dossier à votre nom est ressorti de nos archives.
Ce n’était pas vraiment mon jour de chance, alors c’est moi qui suis chargée de venir vous embêter quelques minutes pour régulariser tout ça. Je peux entrer ? Ça ne prendra pas longtemps, juste quelques questions, de quoi éviter que mon andouille de supérieur appelle la police, le NCIS, ou Batman pour me remplacer.’’


Elle ne pouvait pas s’en empêcher, c’était complètement ridicule. Sincèrement, si ses employeurs savaient que ce type n’était pas un sorcier, juste un citoyen lambda, quel intérêt de venir lui pourrir son après-midi ?
Comme pour confirmer son impression, le ‘’dangereux’’ citoyen en question ne tarda pas à  lui libérer le passage, avant de l’inviter à s’installer sur le canapé. Le temps qu’il cède aux commodités habituelles (offrir à boire, dissimuler les squelettes dans le placard ou le dragon sous  le tapis, ce genre de choses.), Leila en profita, honteusement s’il est besoin de le préciser, pour étudier la pièce en détail: sa bibliothèque était décidément des plus intrigante, avec des ouvrages aussi bien axés sur les mythes que sur l’histoire ou l’art de l’écriture. Le genre de truc qu’elle se serait attendue à trouver dans une association de rôliste, pas le profil apparent de ce jeune homme propre sur lui. Le reste de l’appartement ne dépareillerait pas, même si on aurait dit qu’un accident récent avait causé une légère inondation dans un coin de la pièce.
Leila se figea légèrement lorsqu’une masse sombre redressa la tête à son approche. L’animal était particulièrement beau, le genre de chat qu’elle aurait aimé avoir, sans jamais réussir à sauter le pas. Vu le tourbillon permanent qu’était son quotidien, elle n’aurait jamais pu s’en occuper convenablement.
Alors qu’Hedwig revenait avec leurs tasses, Leila prit place sur le canapé, maintenant une distance de sécurité avec son propriétaire félin. Le temps de s’éclaircir la gorge et c’est d’une voix quelque peu sarcastique qu’elle entama la procédure habituelle. Elle aurait bien aimé passer outre tout ce blabla, mais si Hassem apprenait qu’elle avait dérogé à ses enseignements, elle était parti pour un mois de corvée de standardiste au bureau.

‘’Hedwig Lovecast, vous avez été recensé dans nos dossiers il y a quelques temps. Le motif était…’’

...Probablement quelque chose écrit sous le café renversé par Gabriel sur le dossier en question. Elle allait devoir improviser avec les moyens du bord !

‘’...classé pour des autorités supérieures. Mais vous savez ce que c’est l’administratif, du coup, c’est nous qui héritons de tout ça. Du coup, afin de nous mettre à jour, j’aimerais avoir quelques renseignements sur vous. Votre profession, des choses étranges auxquelles vous auriez assistés, les noms d’une ou deux de vos fréquentations et surtout, si vous vous en souvenez, la raison pour laquelle nous aurions des raisons de venir frapper à la porte d'un brave garçon comme vous ...Indice, évitez juste de me répondre que vous voulez faire sauter Big Ben ou que vous cachez un cerbere dans votre cave.’’

Lui laissant le temps de répondre, elle reporta donc son attention sur le bureau. Rien de véritablement transcendant, si ce n’est la corbeille remplie de boulettes de papier, ainsi que la lettre pourvue d’une écriture extrêmement graphique...soit ce type était un gaspilleur convaincu, soit il avait le virus de la plume.
Et en parlant de plume, il y en avait justement une, posée au sol non loin du pied de la jeune fille. Sûrement un jouet conçu pour le véritable propriétaire des lieux. Se penchant en avant, elle ramassa le fin objet, avant de s’en servir machinalement pour attiser la curiosité du chat présent à ses côtés.

‘’Ah et avant que j’oublie, la question la plus importante...Cette chose adorable a-t-elle un petit nom, ou dois-je simplement l’appeler ‘’Chat’’ ?’’
Hedwig P. Lovecast
Neutre
Hedwig P. Lovecast
Messages : 15
Date d'inscription : 14/11/2018
Mer 2 Jan - 18:06

Ce joli minois encadré par de magnifiques cheveux noirs suie voulait quelque chose et ce n’était clairement pas un fan. Hedwig, redevenu un peu alerte se racla la gorge et demanda d’un ton plus ou moins posé mais un peu malhabile :

Bonjour, que puis-je pour vous Miss ?

L'intrigante visiteuse ne laissa pas un instant de silence et enchaîna rapidement sans que Hedwig ne puisse placer un mot.

Fànd. Leila Fànd. Désolé de vous déranger, Monsieur Lovecast, je viens de l’antenne Partisane de Kennet Street. Nous avons eu quelques problèmes logistiques et un dossier à votre nom est ressorti de nos archives.
Ce n’était pas vraiment mon jour de chance, alors c’est moi qui suis chargée de venir vous embêter quelques minutes pour régulariser tout ça. Je peux entrer ? Ça ne prendra pas longtemps, juste quelques questions, de quoi éviter que mon andouille de supérieur appelle la police, le NCIS, ou Batman pour me remplacer.


Il fallut un instant à Hedwig pour encaisser le tout, déclamé aussi rapidement et aussi énergiquement. Cette fille devait carburer à quelque chose de puissant pour parler aussi vite. Sûrement au curry très épicé étant donné l’odeur. Hedwig l’imagina l’espace d’un instant en Purdah traditionnelle, il n’en fallu pas plus pour que Miss Fànd ne se retrouve vêtue de la sorte accompagnée de musique orientale. La scène ressembla subitement à un extrait de film bollywoodien. Cependant la vision disparue rapidement quand il enregistra le mot “antenne Partisane” et il jeta un oeil sur la carte de visite de la demoiselle. Dissimulant sa grimace et son inquiétude, il répondit doucement :

Je pensais avoir répondu à toutes vos sollicitations précédentes, mais si l’antenne pense avoir besoin d’informations complémentaires, je vous en prie, entrez. Ce ne sera pas la peine d’allumer le Bat signal.

Leila Fànd semblait pressée et sans joie d’être là, peut-être que s’il jouait le jeu de l’humour l’entrevue serait courte. Il s’écarta et lui fit signe d’entrer et de s’installer sur le canapé. Tout en se demandant si les Partisans avaient décidé de tenter la visite de charme pour le convaincre d’arrêter d’écrire, il se rendit dans la cuisine pour servir un thé à cette invitée surprise. Après quelques instants, il revint dans la pièce principale en tendant sa tasse vers elle. Il s’appuya contre son bureau en attendant qu’elle explique la raison de sa présence ici.

Hedwig Lovecast, vous avez été recensé dans nos dossiers il y a quelques temps. Le motif était…

Miss Fànd sembla chercher quelque chose dans ses papiers. Elle n’avait vraiment pas le look des derniers partisans que Hedwig avait rencontré. Ils usaient plus de l’intimidation et des menaces à distance avec lui que des rencontres directes. Il semblerait que cet entretien était du à un mauvais hasard. Mais sait-on jamais, il allait falloir se montrer prudent.

...classé pour des autorités supérieures. Mais vous savez ce que c’est l’administratif, du coup, c’est nous qui héritons de tout ça. Du coup, afin de nous mettre à jour, j’aimerais avoir quelques renseignements sur vous. Votre profession, des choses étranges auxquelles vous auriez assistés, les noms d’une ou deux de vos fréquentations et surtout, si vous vous en souvenez, la raison pour laquelle nous aurions des raisons de venir frapper à la porte d'un brave garçon comme vous ...Indice, évitez juste de me répondre que vous voulez faire sauter Big Ben ou que vous cachez un cerbere dans votre cave.

Vous ne vous arrêtez jamais, vous hein ? Faillit-il répondre mais il se retient. En tous cas, elle ne manquait pas de second degré, un peu trop pour Hedwig qui préférait généralement les personnes plus posées. Il se concentra pour afficher un visage neutre et répondit sans grand enthousiasme.

Je serais plus du genre à avoir un Chat de Cheshire qu’un Cerbère Miss Fànd. Vos supérieurs savent très bien qu’elle est ma profession, je suis écrivain. C’est étonnant que ce ne soit pas précisé dans mon dossier, ils essayent de me censurer depuis un moment, ce qui ne saurait trop tarder j’imagine étant donné votre visite... J’écris des aventures un peu trop pro-sorciers selon eux.

Hedwig s’interrompit en voyant son interlocutrice se pencher en avant pour ramasser une plume de hibou. Il frémit légèrement mais se détendit en la voyant jouer avec le chat.

Ah et avant que j’oublie, la question la plus importante...Cette chose adorable a-t-elle un petit nom, ou dois-je simplement l’appeler ‘’Chat’’ ?

Adorable, le mot et vite dit. Elle s’appelle Minerva, et c’est une Princesse un peu arrogante et caractérielle… Méfiez-vous.

La Princesse caractérielle bondit soudainement et arracha la plume des mains de Leila pour faire un rouler bouler peu gracieux puis courir dans toutes la pièce avec avant de disparaître vers la chambre… Non sans à nouveau renverser sa gamelle. Un sourire parut sur les lèvres de Leila.

Un comportement digne d’une Princesse en effet. Une déesse même, c’est un joli prénom. En tous cas elle n’est pas très sage à ce que je vois. Un jouet en forme de plume de chouette pour Minerva, vous êtes amateurs de symboles M. Lovecast ?


Une question innocente mais sûrement pas bête, étant donné les nombreux coups d’oeil intéressés que la brune jetait de temps en temps à la bibliothèque de l’écrivain. Hedwig soupira et alla chercher de quoi essuyer l’eau. Il répondit :

Disons que j’apprécie les mystères. Mon personnage principal est un détective du surnaturel, c’est normal que j’enquête un peu sur les phénomènes étranges. Vous semblez aussi bien cultivée pour un simple agent de vérification des Partisans. Moi qui croyais qu’ils ne recrutaient que des gens facilement manipulables, un peu crétins et surtout sans charmes, je suis surpris. Pour ce qui est des “choses étranges” auxquelles j’aurais pu assister… Pas personnellement. Je ne sors pas beaucoup. A part mon éditeur qui a déjà été interrogé plusieurs fois, Ryan Shelley, je fréquente surtout un bar du quartier assez régulièrement, Le Balai Irlandais. Vous pouvez toujours aller voir le tenancier Connor McKenzie. Vous avez d’autres questions ou mon insulte gratuite aux agents Partisans est un motif d’embarquement ?

Hedwig n’avait pas pu s’empêcher de provoquer un peu son interlocutrice. Il jouait à un jeu dangereux, mais cette personne semblait assez ouverte. Il la regarda prudemment, attendant une réaction quelconque.
Leila Fànd
Partisan
Leila Fànd
Messages : 5
Date d'inscription : 19/11/2018
Dim 6 Jan - 1:13

Ah. Autant pour la plume et le chat. Minerva...Effectivement, vu l’impressionnante collection d’ouvrage réunis dans ce petit appartement, quoi de plus normale qu’une Déesse de la connaissance et de la sagesse pour veiller au grain ? Laissant filer la plume qu’on lui arrachait des mains, Leila put observer le fielleux félin filou se lancer dans une série de pas rapides et précipitées. L’animal disparut alors en emportant son butin avec  lui, droit vers la chambre, après avoir réalisé un ultime méfait. Repose en paix, petit bol d’eau, tu n’avais pas la moindre chance.
Récupérant sa tasse, elle en prit une gorgée, avant de laisser le liquide bouillant descendre le long de sa gorge. Rien de mieux après un curry, de quoi faire passer l’arrière-goût épicée qu’elle affectionnait tant. Plus qu’à espérer que les apparences soient avec elle et que ce type ne cherche pas à l’empoisonner...À qui pourrait-elle faire croire ça ?

‘’Un comportement digne d’une Princesse en effet. Une déesse même, c’est un joli prénom. En tous cas elle n’est pas très sage à ce que je vois. Un jouet en forme de plume de chouette pour Minerva, vous êtes amateurs de symboles M. Lovecast ?’’

‘’Disons que j’apprécie les mystères. Mon personnage principal est un détective du surnaturel, c’est normal que j’enquête un peu sur les phénomènes étranges. Vous semblez aussi bien cultivée pour un simple agent de vérification des Partisans. Moi qui croyais qu’ils ne recrutaient que des gens facilement manipulables, un peu crétins et surtout sans charmes, je suis surpris. Pour ce qui est des “choses étranges” auxquelles j’aurais pu assister… Pas personnellement. Je ne sors pas beaucoup. A part mon éditeur qui a déjà été interrogé plusieurs fois, Ryan Shelley, je fréquente surtout un bar du quartier assez régulièrement, Le Balai Irlandais. Vous pouvez toujours aller voir le tenancier Connor McKenzie. Vous avez d’autres questions ou mon insulte gratuite aux agents Partisans est un motif d’embarquement ?’’

….Yaouch. En moins de trente secondes, son interlocuteur venait donc de répondre à sa question, d’insulter son intelligence, de réduire la cause des Partisans à un baratin de secte ET de ridiculiser toutes tentatives qu’elle pourrait envisager pour retourner son sarcasme contre lui. Avec deux sucres, ma mignonne, tu seras gentille !
Inspirant profondément, sa tasse au bord des lèvres, elle devait admettre, cela dit, que ce n’était pas pour lui déplaire. Pas de confrontations physiques, rien que des mots...Et pourtant, ils avaient réussis à lui faire oublier cette matinée gâchée et le fait qu’elle allait sûrement retrouver son bureau en mode Pompéi en rentrant. Le temps de sortir son précieux carnet pour noter les noms précédemment cités et la voilà repartie….À elle de s’amuser.

‘’Nous disions donc : mauvais esprit, manque d’autorité avec les animaux, corruption indirecte par théine  et injure sur un agent dans l’exercice de ses fonctions. Si l’on additionne tous ces crimes gravissimes, on en arrive à une sentence de 760 ans de prison ferme, suivi d’une décapitation en public et d’un écartèlement…’’

Elle ne parviendrait jamais à garder son sérieux, jusqu’au bout et sa tentative pour conserver un air neutre, s’acheva bien vite, devant l’air cynique et désabusé de son interlocuteur. Elle n’allait pas laisser passer une occasion pareille...Un écrivain, ça doit avoir des choses à raconter !

‘’Compte tenu de votre compliment déguisé, je veux bien fermer les yeux. Si vous aviez rencontré mon partenaire, je pense que ‘’sans charme’’ aurait été une description parfaitement adaptée.
Sincèrement, si jamais je vous dérange en plein travail, il vous suffit de me le dire, hein. Je ne suis pas venu enfoncer votre porte à coup de pieds, vous savez. Tenez, je vous propose un petit marché : je ne vous pose plus aucune question en rapport avec votre dossier ou les Partisans et en échange, vous m’expliquez un peu les résultats de vos enquêtes sur le paranormal, pour vos oeuvres. Je dois avouer que ça fait très longtemps que je n’ai pas lu ce genre d’ouvrages, donc une petite mise à jour ne me fera aucun mal. Et d’ailleurs, pourquoi ce genre de littérature précisément ? C’est assez peu courant...actuellement.
Si ça ne vous convient pas, ne vous gênez pas pour le dire et je m’en vais sur le champ : j’ai les réponses nécessaires à votre dossier, je suis passé chez vous, personne ne trouvera rien à y redire parmi mes supérieurs. ’’


Tout en laissant au jeune homme le soin de se décider, la jeune femme en profita pour finir son thé, avant de ranger carnet et crayon, avant de couler un regard en direction de la bibliothèque. pendant des années, elle n’avait eu que des manuels d’instructions et des ouvrages de droit dans sa propre chambre, la vue de tout ces livres constituait un véritable retour en arrière pour elle.
Hedwig P. Lovecast
Neutre
Hedwig P. Lovecast
Messages : 15
Date d'inscription : 14/11/2018
Ven 11 Jan - 16:59

Vous avez d’autres questions ou mon insulte gratuite aux agents Partisans est un motif d’embarquement ?

Hedwig n’avait pas pu s’empêcher de provoquer un peu son interlocutrice. Il jouait à un jeu dangereux, mais cette personne semblait assez ouverte. Il la regarda prudemment, attendant une réaction quelconque.

Leila sembla tiquer légèrement, s’immobilisant la tasse de thé au bord des lèvres. Hedwig avait-il touché un point sensible avec son sarcasme ? Elle prit une petite inspiration avant de reposer la tasse et de plonger récupérer un épais carnet et un stylo. Tiens, elle n’utilise pas une tablette ou un smartphone, elle gagne des points. La jeune fille sembla griffonner quelques mots avant de relever la tête. Elle arborait un sourire sérieux et professionnel un peu effrayant.

Nous disions donc : mauvais esprit, manque d’autorité avec les animaux, corruption indirecte par théine  et injure sur un agent dans l’exercice de ses fonctions. Si l’on additionne tous ces crimes gravissimes, on en arrive à une sentence de 760 ans de prison ferme, suivi d’une décapitation en public et d’un écartèlement…

Voilà qu’elle faisait de l’humour appuyé maintenant. Cette entrevue prenait une tournure vraiment étrange. Leila semblait d’ailleurs avoir beaucoup de mal à garder son sérieux elle-même. Malgré lui, Hedwig eut un léger sourire.

Compte tenu de votre compliment déguisé, je veux bien fermer les yeux. Si vous aviez rencontré mon partenaire, je pense que ‘’sans charme’’ aurait été une description parfaitement adaptée.
Sincèrement, si jamais je vous dérange en plein travail, il vous suffit de me le dire, hein. Je ne suis pas venu enfoncer votre porte à coup de pieds, vous savez. Tenez, je vous propose un petit marché : je ne vous pose plus aucune question en rapport avec votre dossier ou les Partisans et en échange, vous m’expliquez un peu les résultats de vos enquêtes sur le paranormal, pour vos oeuvres. Je dois avouer que ça fait très longtemps que je n’ai pas lu ce genre d’ouvrages, donc une petite mise à jour ne me fera aucun mal. Et d’ailleurs, pourquoi ce genre de littérature précisément ? C’est assez peu courant...actuellement.
Si ça ne vous convient pas, ne vous gênez pas pour le dire et je m’en vais sur le champ : j’ai les réponses nécessaires à votre dossier, je suis passé chez vous, personne ne trouvera rien à y redire parmi mes supérieurs.


Hmm. Il aurait été facile de s’en débarrasser à ce stade. Pendant que le regard de sa visiteuse s’attardait avec envie et curiosité sur la bibliothèque, Hedwig regarda la lettre sur son bureau. Il se demandait quel était l’émetteur. Il voulait l’ouvrir rapidement. Cependant l’attitude tellement détachée de Leila le mettait dans l’indécision. Comment une personne aussi désinvolte et peu motivée par la cause Partisane pouvait travailler pour eux ? Peut-être pouvait-il lui montrer quelques vérités fâcheuses sans passer pour un sympathisant sorcier… Il y avait anguille sous roche. Ou peut-être était-il trop suspicieux. “On se croirait dans un film noir… ou dans un Hitchcock” songea Hedwig. “Qui va faire avouer à l’autre ses motivations premières…?”. La scène vira au noir et blanc avec une vieille musique des années 30 en fond sonore. Cela manquait de whisky. Hedwig eut un petit rire.

Vous savez Miss Fànd, mon implication dans ce genre de littérature est pleinement lié aux Partisans, alors votre question touche là où ça fait mal. Vous n’êtes pas sans savoir que vos supérieurs ont recours à des méthodes que nous pourrions qualifier d’extrêmes. Ils ont beau avoir remporté les dernières élections, ils ne font pas l’unanimité. Ce sont des événements personnels qui m’ont fait apprécier le paranormal, et aussi peu adhérer à votre cause.

Hedwig marqua un temps d’arrêt, repensant douloureusement à l’été 2040. Il se reprit rapidement, même s’il s’en voulait. Une vague de tristesse passa cependant dans ces yeux.

Quoiqu’il en soit, vous semblez sincère et curieuse. Pour écrire mon livre, j’en lis beaucoup d’autres. Je m’imprègne de toutes les oeuvres faisant référence à l’univers magique et ses ramifications. Je passe ainsi beaucoup de temps dans toutes sortes de librairies londoniennes, à la recherche de parchemins et autres grimoires. Il m’est de plus en plus difficile d’accéder à ces ouvrages avec la politique actuelle. Personnellement, je n’ai jamais pu rencontrer véritablement de sorcier depuis bien longtemps. Je suis juste curieux, cela doit vous parler. En fouillant dans ces documents j’ai pu voir à quel point le monde magique est fascinant, mais surtout complexe. Il suffit de gratter un peu pour voir que ce ne sont pas tous des monstres carnassiers qui veulent dominer le monde, juste des humains comme vous et moi, avec une part magique en eux. La plupart sont inoffensifs et veulent juste qu’on les laisse tranquille. Au lieu d’avoir peur d’eux, j’aimerai bien simplement les comprendre. Tenez, je vais vous montrer quelque chose.

"Commençons par l'amadouer avec quelque chose de sympathique avant de passer aux choses sérieuses", pensa l'écrivain. Devant le regard sceptique de la jeune fille, Hedwig quitta son bureau et se dirigea vers sa bibliothèque qu’il contempla un instant d’un oeil d’expert.

Ce doit être par ici.

Il se mit à fouiller dans les étagères supérieures, en enlevant les premiers livres tout en continuant.

Je me doute que posséder des objets magiques est totalement illégal mais j’ai choisi de vous faire confiance, parce que vous avez de l’humour. Mon éditeur me reproche souvent mon manque  de tact et de présence humaine, il dit que je suis trop désabusé. Voyons ce qu’il se passe quand je m’ouvre un peu, même à une jeune pionne partisane.

Hedwig ignora le regard courroucé de Leila Fànd et avant qu’elle ne puisse répliquer que le pion pouvait très bien faire chuter le fou, il dégagea une feuille de parchemin pliée en quatre.

Voici l’objet qui m’a inspiré la deuxième aventure de Jack Carnby, La Carte des Étoiles. Tenu ainsi par des personnes sans magies, c’est un simple parchemin, comme ils utilisaient encore au XVIIe siècle. Cependant, lorsque l’on connaît la phrase magique…

Si vous me dîtes que c’est Bibidi Bobidi Boo, je vous étrangle.

Arrêtez vous allez presque me faire rire. non pas du tout. Il suffit de murmurer “Je jure solennellement que je souhaite simplement suivre la piste des Étoiles”...

Le parchemin frémit subitement, comme réveillé par l’incantation. Des traces d’encre se dessinèrent seules sur le papier, réalisant à toute vitesse une carte rigoureusement exacte et détaillée des constellations du système solaire, avec des illustrations sublimes. A chaque fois, Hedwig était subjugué devant la finesse de la magie et du dessin. Seule une personne extrêmement douée en astronomie, magie et peinture avait pu produire une telle beauté. La carte était animée, suivant le déplacement des étoiles et des corps célestes. Parfois une constellation stylisée cherchait querelle avec une de ses voisines, rendant la lisibilité un peu hasardeuse, mais tout rentrait vite dans l’ordre.

Méfiez-vous de la constellation du lion, elle a tendance à mordre quand on la regarde de trop près.  
Leila Fànd
Partisan
Leila Fànd
Messages : 5
Date d'inscription : 19/11/2018
Mar 5 Fév - 20:04

Alors, craquera, craquera pas ? La jeune fille n’en savait rien. En temps normal, elle aurait tout bonnement bouclé le dossier, vidé les lieux et serait retourné à son morne bureau, pour se retrouver ensevelie sous la paperasse. Autant tenter de le prendre par le bon bout, donc…Avec un peu de chance, elle s’en tirerait avec un petit cours de littérature moderne, quelques récits croustillants et une excuse en or pour justifier son absence à Gabriel. Qui sait, peut-être aurait-il fini de mettre de l’ordre dans ses dossiers à son retour.
...Non mais à qui vous pensez faire croire ça ?

‘’Vous savez Miss Fànd, mon implication dans ce genre de littérature est pleinement lié aux Partisans, alors votre question touche là où ça fait mal. Vous n’êtes pas sans savoir que vos supérieurs ont recours à des méthodes que nous pourrions qualifier d’extrêmes. Ils ont beau avoir remporté les dernières élections, ils ne font pas l’unanimité. Ce sont des événements personnels qui m’ont fait apprécier le paranormal, et aussi peu adhérer à votre cause.’’

Touché, semble-t-il. Encore qu’on en revenait à son boulot, une fois de plus. Décidément, les gens ne pouvaient s’empêcher de s’arrêter à ça, dès qu’elle le mentionnait. Est-ce qu’on ramène la conversation sur du pain et des scônes, dès que l’un de vos amis dit qu’il est boulanger ? Non, on le laisse parler de sa passion bizarre pour les métalleux habillés en ballerine (Là, en revanche, vous POUVEZ poser des questions plus précises)  et on passe à autre chose !
Pendus aux lèvres du romancier, la jeune fille ne put, cependant, retenir un léger masque honteux lorsque les méthodes ‘’extrêmes’’ de ses collègues déboulèrent dans la conversation. Elle avait aussi entendu parler des actes parfois à la limite de leurs procédures, menés par certaines cellules...Pour sa part, à l’exception d’une ou deux arrestations un peu musclés et douloureuses (99% pour elle), elle n’avait encore jamais vu de différences de méthodes entre les siennes et celles de Bobbies assermentés. On était plus au Far-West, si ceux qui défendent les lois ne les respectent pas un minimum, il n’y a plus rien à quoi se raccrocher !
En tout cas, le sujet avait l’air de toucher quelque peu Hedwig, vu l’instant de recueillement qu’il prit, avant de poursuivre.

‘’Quoiqu’il en soit, vous semblez sincère et curieuse. Pour écrire mon livre, j’en lis beaucoup d’autres. Je m’imprègne de toutes les oeuvres faisant référence à l’univers magique et ses ramifications. Je passe ainsi beaucoup de temps dans toutes sortes de librairies londoniennes, à la recherche de parchemins et autres grimoires. Il m’est de plus en plus difficile d’accéder à ces ouvrages avec la politique actuelle. Personnellement, je n’ai jamais pu rencontrer véritablement de sorcier depuis bien longtemps.’’

‘’Vous ne perdez pas grand chose, le dernier à qui j’ai adressé la parole m’a lancé un pneu dans l’estomac. Il était particulièrement dur, d’ailleurs...Le pneu, pas le sorcier.’’

Devrait-elle préciser que le-dit sorcier lui avait glissé entre les doigts, sans aucune difficulté ? Elle n’avait absolument pas anticipé sa réaction, lorsqu’elle l’avait abordée pour vérifier les soupçons de ses supérieurs. Bilan : une contusion au bas-ventre, une semaine d’arrêt total et pas mal de blagues à son sujet pendant plusieurs jours à son retour.

‘’Je suis juste curieux, cela doit vous parler. En fouillant dans ces documents j’ai pu voir à quel point le monde magique est fascinant, mais surtout complexe. Il suffit de gratter un peu pour voir que ce ne sont pas tous des monstres carnassiers qui veulent dominer le monde, juste des humains comme vous et moi, avec une part magique en eux. La plupart sont inoffensifs et veulent juste qu’on les laisse tranquille. Au lieu d’avoir peur d’eux, j’aimerai bien simplement les comprendre. Tenez, je vais vous montrer quelque chose.’’

Il parlait bien. Et ce qu’il racontait était...intéressant. Pas dérangeant, non, après tout ce temps, elle avait fini par réussir à mettre le doigt sur ce qui la gênait vraiment, quand les gens abordaient le sujets des sorciers et de la magie en général : personne n’acceptait l’idée d’un monde un tant soit peu gris, ils voulaient tous défendre des opinions opposés à celle de l’autre côté uniquement. Elle avait vu des sorciers se servir de leur magie uniquement pour se défendre ou fuir, et d’autres savourer l’instant où elle et Hassem étaient en leur pouvoir, juste par plaisir. Quelle différence entre ce genre de personne et un détraqué armé d’un revolver, qui débarque dans une rue bondée ?
Hediwg déclarait vouloir les comprendre. De son point de vue, cela au moins, avait le mérite d’être honnête et sans grand risque. En revanche, ce qui suivit, prit ‘’légèrement’’ de court la jeune fille, qui manqua renverser sa tasse au passage.

‘’Je me doute que posséder des objets magiques est totalement illégal mais j’ai choisi de vous faire confiance, parce que vous avez de l’humour. Mon éditeur me reproche souvent mon manque  de tact et de présence humaine, il dit que je suis trop désabusé. Voyons ce qu’il se passe quand je m’ouvre un peu, même à une jeune pionne partisane.’’


Une pionne ? Serait-il possible de lui accorder au moins le statut de Cavalier ? En l’état actuel des choses, vu sa position, la petite ‘’pionne’’ aurait très bien pu se déplacer d’une case en ligne droite et lui asséner un solide coup de pied au derrière pour ce genre de commentaires.  Heureusement, sa fureur légitime et vengeresse se retrouva d’office apaisée, devant l’objet que lui tendait son interlocuteur, après l’avoir extrait des rayonnages encombrés. Un...morceau de parchemin. Relativement ancien, sentant bon l’encre et le bois fumé. Etait-il sérieux, ou se fichait-il encore d’elle ?

‘’Voici l’objet qui m’a inspiré la deuxième aventure de Jack Carnby, La Carte des Étoiles. Tenu ainsi par des personnes sans magies, c’est un simple parchemin, comme ils utilisaient encore au XVIIe siècle. Cependant, lorsque l’on connaît la phrase magique…’’

‘’Si vous me dîtes que c’est Bibidi Bobidi Boo, je vous étrangle.’’

‘’Arrêtez vous allez presque me faire rire. non pas du tout. Il suffit de murmurer “Je jure solennellement que je souhaite simplement suivre la piste des Étoiles”

Elle devait rester professionnelle et espérer que tout ceci n’était qu’une blague et que la carte resterait inanimée. Mais même elle ne put retenir un couinement de surprise, suivi d’un regard complètement conquis, lorsque les minuscules détails d’une planisphère australe se dessina subitement à la surface du parchemin. Effectivement, le détail et la minutie des traits étaient phénoménaux : même les petits mouvements incongrus de certaines constellations ne perturbaient pas la lisibilité de l’ensemble et la remarque d’Hedwig arriva pile au moment où les doigts de la jeune fille se rapprochait du félin grondant, manquant au passage de se faire croquer une phalange par le fauve contrarié.
Peu effarouchée par sa première tentative, Leila s’enhardit même à traquer du doigt le cycle de sa constellation préféré, avant de venir suivre les courbes des évolutions gracieuses du Dragon, avant que ce dernier ne s’enroule autour de son doigt, pour venir ensuite se lové quelques centimètres plus loin.
C’était décidément très beau...et illégal.

‘’Vous savez que je suis censé confisquer ce genre de choses ? Et que vous en auriez pour environ 80 livres d’amende et un avertissement ?’’

Elle n’avait même pas relevé les yeux de la carte, tout à ses expériences. Et elle savait n’être qu’en train  d’énoncer un fait établi : les sanctions pour la possession d’artefacts de contrebande étaient connues de tous et récupérer ce genre d’éléments pour analyse ou destruction, faisait partie de son boulot.
Néanmoins…

‘’Malheureusement, il semblerait que ce ‘’terrifiant’’ objet possède un pouvoir magique si retors, que je suis sûr que je l’aurais totalement oublié, une fois que vous l’aurez rangé. Sûrement une sécurité mise en place par son créateur, pour éviter qu’une oeuvre d’art pareille ne soit endommagée. Quel sorcier diabolique, tout de même...‘’

Rendant la carte à Hedwig avec un air de regret sincère, elle observa le jeune homme remettre cette dernière en place, tout en griffonnant de nouveau sur son carnet : quelques étoiles reliés  et un dragon lové sur lui-même, dont la tête s’ornait d’un air complètement endormi.

''Je ne vous demanderai pas où vous avez trouvé ça...par contre, je serais ravie de savoir POURQUOI vous en avez eu besoin. Si ça vous a aidé dans vos recherches, ce que vous en avez tiré, ce genre de choses. Ah, en revanche...''

En revanche, sa déception était palpable, lorsqu’elle reprit la parole.

‘’Si vous avez d’autres...choses de ce style, évitez de les sortir. J’ai promis de ne plus vous assaillir de questions en rapport avec mon travail, mais ce serait une tentation assez difficile à encaisser. Et puis, pour quelles raisons est-ce que je reviendrais enfoncer votre porte, si vous n’avez plus rien à me cacher ?
La prochaine fois, je ferais juste en sorte de vous amener un truc à grignoter...Vous avez quelque chose contre le curry ?’’
Contenu sponsorisé

Page 1 sur 1
Sauter vers: